Le
Ministère chargé de l'industrie (DGE/ SBDU) a communiqué
dans son site internet les dispositions
règlementaires en vigueur (mises à jour le
19.05.2022).
Classement
des BDU dans le tarif douanier (NC)
Dans
son guide
sur l'exportation des biens à double usage
publié dans son site internet, l'administration des
douanes indique que chaque position tarifaire
correspondant à un bien susceptible de relever de la
réglementation des BDU, est associée un renvoi porteur
d’un code (dit code additionnel national = CANA) indiquant
qu’une réglementation de contrôle peut lui être
applicable. Ce système constitue un dispositif
d’information des opérateurs et un instrument de contrôle
pour le service des douanes ; il est fondé sur la "table
de corrélation" entre les codes de la nomenclature
combinée avec ceux de la liste des biens à double usage.
Aussi,
la base de données "consultation
TARIC" en ligne sur le site de l'Union européenne,
qui mentionne les codes BDU en bas de page des rubriques
"restrictions", repose sur cette table de corrélation mise
à jour chaque année par la Commission européenne et
alimente, en matière de classement des biens à double
usage, les systèmes informatiques nationaux de déclaration
en douane des Etats membres .
Ce
tableau reste imprécis car les codes BDU ne correspondent
qu'aux articles ou aux premiers alinéas de la liste des
biens à double usage, alors que les articles de la
dernière version de cette liste des BDU
sont constitués de multiples alinéas et sous-alinéas
alphanumériques. De plus, elle favorise les soupçons de la
part des contrôleurs des douanes entraînant des blocages
intempestifs de biens libres à l'exportation et sans
possibilité d'utilisation pour la fabrication ou l'emploi
d'armes de destruction massive ou de leurs vecteurs ; ou
encore, de la part de la Direction générale du Trésor du
Ministère chargé des finances, de blocages intempestifs
d'acomptes ou de paiements entravant les exportations tout
à fait licites.
Licences
d'exportation
Les biens à double usage sont considérés
comme faisant l'objet de prohibitions au sens de l'article
38 du code des douanes, mais peuvent bénéficier de
dérogations lors des opérations d'exportation, de transit
et de courtage, sous forme de licences individuelles,
générales ou globales, délivrées désormais par le service
des biens à double usage de la direction générale des
entreprises du ministère chergé de l'industrie (DGE),
après avis éventuel de la commission intermistérielle des
biens à double usage.
Fonctionnement
des contrôles douaniers
En
application du code des douanes, les bureaux de douanes
effectuent des contrôles documentaires (ou physiques) dès
la déclaration ou reviennent quatre mois en arrière
(contrôles ex-post de 1er niveau), tandis que les services
régionaux et nationaux d'enquête reviennent trois ans en
arrière (contrôles ex-post de 2ème niveau). L'exportation
sans licence d'un bien à double usage, ou toute manoeuvre
frauduleuse constituant une "exportation sans déclaration
de marchandises prohibées" au sens de l'article 426 du code des douanes est
considérée comme un délit douanier en application du deuxième
alinéa de l'article 414 du code des douanes. Cet
alinéa supplémentaire de l'article 414 du code des douanes
(en vigueur à compter du 1er janvier 2014) résulte de
la loi 2011-266 du 14 mars 2011 prise
en application de l'article 24 du réglement n° 2021/821
modifié invitant les états membres à légiférer sur
l'application de ce texte européen. Elles peuvent conduire
à la saisie des marchandises (et de leurs moyens de
transports), à l'interception par les douanes des
marchandises en transit, à des amendes pouvant s'élever à
trois fois la valeur de la marchandise, ainsi qu'à une
peine d'emprisonnement maximum de 5 ans.
En
application de l'article
411-6 du code pénal, des infractions pour Le fait de livrer ou de rendre accessibles à une puissance étrangère, à une entreprise ou organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou à leurs agents des renseignements, procédés, objets, documents, données informatisées ou fichiers dont l'exploitation, la divulgation ou la réunion ... , donnant lieu à
des sanctions encore plus sévères, peuvent être constatées
par les officiers des douanes judiciaires, ou de police
judiciaire, avec rétroactivité de dix ans.
Classement
des marchandises "hors licence"
La
compétence du classement des biens à double usage (BDU)
appartient désormais au nouveau service de la DGE.
Toutefois, le contrôle documentaire et physique des
marchandises déclarées à l'exportation reste de la
compétence de l'administration des douanes (DGDDI) qui
peut appliquer les règles des prohibitions ; de même, les
règlements financiers des exportations, transit et
courtages peuvent être contrôlés par la direction générale
du trésor et de la politique économique (DGTPE) et
faire l'objet d'interdictions. Toute opération mal
expliquée peut ainsi conduire à des suspicions de la part
des autorités administratives conduisant à des retards ou
à des tracasseries inutiles.
Dans son guide sur
l'exportation des biens à double usage,
l'administration des douanes recommande aux industriels de
demander à la DGCIS (SBDU) de confirmer des classements
négatifs des produits de hautes technologies non concernés
par la fabrication des armes de destruction massive, afin
d'éviter des entraves aux exportations. Elle consulte le
SBDU en cas de doute sur le caractère stratégique d'un
produit, d'un matériel, ou d'un équipement.
Cette
procédure présente le risque pour l'exportateur d'obtenir
une interdiction arbitraire d'exporter son matériel en
application des dispositions de la "clause attrape-tout"
s'il fait une demande de classement auprès du SBDU, ou un
blocage en douane pendant plusieurs semaines de la
marchandise déclarée, voire un blocage financier de la
part de la Direction générale du Trésor.
Les
biens assimilés aux BDU
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Les
mesures restrictives à l'exportation portent sur des biens
autres que ceux de la liste européenne des biens à double
usage mais faisant également l'objet de prohibitions au
sens de l'article 38 du code des douanes. En cas de leur
exportation sans licence, ils sont donc également
passibles de sanctions en application de l'article 414
(alinéa 2) du code des douanes.
La
"clause attrape-tout"
L'article
4 du réglement appelé "clause attrape-tout" donne
le pouvoir aux états membres d'interdire les exportations
de biens non repris dans la liste donnée en annexe I, "si
les autorités de contrôle ont connaissance d'un risque
d'usage malveillant du bien visant à la production ou
à l'utilisation d'armes de destruction massive ou de
leurs vecteurs". Dans ce cas, la DGE notifie
cette interdiction à l'intéressé et la marchandise est
ainsi prohibée au sens de l'article 38 du code des
douanes, ou nécessite la délivrance d'une licence
d'exportation en vue d'un contrôle d'usage
final. Cette interdiction n'est pas motivée
conformément
aux
dispositions de l'article L311-5 du code des
relations entre le public et l'administration,
car elle résulte de la politique extérieure de la France.
La
violation de cette interdiction est considérée comme une "exportation
sans déclaration de marchandises prohibées"
susceptible de sanctions pénales sévères prévues par
l'article 414 du code des douanes.
Cette
clause s'applique également si l'exportateur est informé
d'un détournement possible à des fins malveillantes d'un
matériel ou d'une technologie libre à l'exportation.
D'après la définition des biens à double
usage donnée par le SBDU, conforme à cette règlementation
européenne
les biens à double usage sont :
"les biens,
les équipements - y compris les technologies,
logiciels, le savoir-faire immatériel ou intangible
– susceptibles d’avoir une utilisation tant civile
que militaire ou pouvant - entièrement ou en partie
- contribuer au développement, à la production, au
maniement, au fonctionnement, à l'entretien, au
stockage, à la détection, à l'identification, à la
dissémination d'armes de
destruction massive" (ADM - nucléaires, biologiques,
chimiques, etc.).
La définition officielle est donnée dans
l'article 4 du règlement n° 2021/821 modifié, par cette
phrase :
"... les biens en question sont ou
peuvent être destinés, en tout ou partie, à contribuer
à la mise au point, à la production, au maniement, au
fonctionnement, à l’entretien, au stockage, à la
détection, à l’identification ou à la dissémination
d’armes chimiques, biologiques ou nucléaires ou
d’autres dispositifs nucléaires explosifs ou à la mise
au point, à la production, à l’entretien ou au
stockage de missiles pouvant servir de vecteurs à de
telles armes."
Cette expression "destruction massive"
correspond par exemple aux ravages causés lors de deux
guerres mondiales et lors des guerres locales au Vietnam,
en Iran et Irak, en Aghanistan, ou depuis deux ans en
Syrie. Ces terribles conflits ont conduit à
l'extermination de populations de villes ou de vallées
entières.
Aussi, sur un plan juridique, la
"clause attrape tout' figurant à l'article 4
du règlement n° 2021/821 modifié peut être mise en oeuvre
pour des biens non listés à l'annexe I de ce règlement,
mais quand même susceptibles de produire des moyens
d'extermination équivalents .
Cette
"clause attrape-tout" résulte de la transposition en droit
européen, à la fois :
- de
la directive n° 7 du MTCR ;
- des
dispositions générales 1a et 1b du Groupe d'Australie
;
- d'une
décison prise le 28 mai 2004 à l'issue de la session
plénière du NSG à Goteberg (en Suède).
Le MTCR recommande ainsi aux
gouvernements de contrôler "les exportations
destinés à être utilisés, en totalité ou en liaison
avec des systèmes de lancement d'armes de destruction
massive autres que des avions pilotés".
Toutefois cela n'exclut pas un avion de ligne destiné à
être piloté par des pirates suicidaires et inexpérimentés
disposant de moyens sophistiqués de systèmes de navigation
figurant dans la liste des biens à double usage en vue de
frapper un objectif précis à la vitesse de 800 km/h
Les hélicoptères civils, les gaz lacrymogènes et
autres
Les biens en question, utilisables pour le
maintien de l'ordre, font l'objet de réglementations
nationales en application de la réglementation
européenne des biens à double usage, qui autorise, de
façon subsidiaire les Etats menbres à publier des
règlementations restrictives pour des raisons de
sécurité.
Les procédures et contrôles ont également
les mêmes pour ces marchandises non reprises au niveau
européen.
Les biens sous sanctions (Corée du
Nord, Russie, etc.)
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Des
règlements pris en application des résolutions du Conseil
de sécurité des Nations Unies et de la politique étrangère
et de sécurité commune de l'Union européenne interdisent
totalement les importations et exportations de biens
repris en annexes, ou admettent des dérogations, sous
forme de licences, pour des usages civils avérés. Les
procédures de délivrance de licence et de contrôles sont
les mêmes que dans le cas des biens à double usage.
Les
mesures restrictives à l'encontre de ces pays résultent
des multiples résolutions votées par le Conseil de
sécurité des Nations Unies. Celles contre l'Iran ont été
renforcées, à la suite du vote de la résolution
n° 1929 du 9 juin 2010 par le Conseil de
sécurité des Nations Unies, au moyen d'une
décision
du conseil de l'Union européenne en date du 26
juillet 2010, publiée au journal officiel de l'Union
européenne n° L 195 du 27 juillet 2010.
Maintenant, les
pays soumis à des sanctions internationales font l'objet
d'un tableau des restrictions commerciales
à l'importation et/ou à l'exportation publié par la
direction générale des douanes et droits indirects ;
Toutes
les mesures restrictives à l'exportation sont détaillées
et mises à jour régulièrement dans le site
internet de la direction générale du Trésor du
ministère chargé des finances.
Les pays
dont les biens sont soumis à des prohibitions
à l'exportation, publiés par
l'Union européenne en application des sanctions
économiques internationales, sont cités à
la rubrique des restrictions
sectorielles des pages web de la
DG du trésor.
Les
pays concernés sont les suivants : Bielorussie, Corée du nord,
Iran, Irak, Russie, Somalie, Syrie et Venezuela.
Les
biens soumis à l'U.S.
Export Control
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La réglementation américaine des
contrôles à l'exportation est
reproduite dans les pages de ce site intitulées :
Les contraintes à l'exportation sont non seulement
françaises, conformément à la réglementation de l'Union
européenne sur les biens à double usage (et sur les biens
soumis à des mesures restrictives ), mais aussi américaines
(pour les biens d'origine USA réexportés vers d'autres
destinations) conformément à l'Export Administration
Regulations (EAR) publiée au chapitre VII de l'Electronic
Code of Federal Registrations (eCFR), car les Etats Unis
considèrent que leur législation s'applique dans le monde
entier.
L'Export
Administration Regulations (EAR)
Aux
USA, les biens stratégiques relèvent du chapitre 774 de Export
Administration Regulation (EAR )
figurant dans l'Electronic Code of Federal
Regulations (eCFR) ,
qui est intitulé Commerce
Control List (CCL), et dont les
numéros de classement, appelés Export Control Classification Number (ECCN)
sont codés sur le même principe que celui de la liste
européenne des biens à double usage, c'est à dire
l'annexe I au règlement n° 2021/821. Mais à ces articles
et alinéas issus des listes publiées par les régimes
multilatéraux de contrôle, les USA ajoutent des
rubriques appelées :
- "9x500
Series" et "600 Series' en vigueur
depuis l'Export Control Reform (ECR) du 24 mai 2013
pour ce qui concerne les composants des vaiseaux
spatiaux et les satellites non repris dans la liste
militaire (USML) de la réglementation ITAR
relative au matériel de guerre américain.
- "
Other Series" pour diverses raisons de sécurité,
notamment pour la lutte contre le terrorisme ;
Ces trois listes ajoutées aux listes des
régimes multilatéraux de lutte contre les armes de
destruction massive correspondent respectivement à des
biens produits aux USA pour lesquels une licence
d'exportation américaise est exigée pour diverses
raisons suivant le pays de destination ou le
destinataire.
Ces listes, pourtant assez complètes en ce
qui concerne le caractère stratégique des biens visés ne
sont pas exhaustives et n'empèchent pas l'application de
la "clause attrape-tout" pour des marchandises
suspectées d'une destination malveillante.
Page mise à jour en mai 2024
© Albert Castel - Avril
2010
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